« Le travail, c’est la liberté »

Publié le par nidieuxnimaitrenpoitou.over-blog.com

 

 

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Camp de travail à Poitiers

 


Poitiers, au mois d’août 2011.Il fait chaud.


La moitié seulement de la France est en vacances et les chômeurs se rendent tout de même dans les locaux de Pôle Emploi pour répondre aux convocations.


En se dirigeant vers la porte d’entrée de cette agence située à Saint Benoit,rue de la Goélette, à deux pas de la salle des fêtes,


les demandeurs d’emploi sont accueillis par une abjection, une inscription traçée à la bombe, taguée en pleine nuit.

Le travail rend libre « Arbeit Macht Frei ».

 

 

Photo datée du 22 août 2011, inscription toujours visible le 4 septembre

 

Banalisation de l’horreur


La faculté d’endurcissement de nos contemporains n’a pas de limites. Preuve s’il en est

que ce pays peut absorber n’importe quelle vomissure avec la meilleure conscience.

Dans quel dessein ? Quel sens attribuer à cette horreur ?

Pôle Emploi serait-il considéré comme un camp de travail

dans lequel chacun serait obligé de travailler ?

Le travail rend libre, cette devise du NSAPD a fait son apparition dans les années 20.

Elle est, à l’origine, le titre d’un roman de l’auteur nationaliste allemand

Lorenz Diefenbach paru en 1872. Ce slogan fut repris dans les années 1930

par le Parti national-socialiste ouvrier allemand

(Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei) qui l’a adopté comme un refrain.

C’est le général SS Theodor Eicke qui ordonna l’apposition de la phrase

à l’entrée des camps de concentration et des camps d’extermination.


Les agents (et agentes) de Pôle Emploi passent devant tous les matins et tous les soirs.

L’une d’elles est interrogée gentiment par un passant qui lui montre l’inscription

et lui fait part de ses interrogations.

Elle répond tout aussi gentiment qu’elle ne comprend pas l’allemand

et qu’elle ne sait donc pas ce qu’il y a écrit sur le mur.

Le passant, surpris, se tourne vers sa compagne et dit

« Moi non plus, je ne connais pas l’allemand, mais là, tout de même… »

Aux dernières nouvelles, l’inscription se trouve toujours sur le mur de cette petite construction.


Les « tags » se multiplient en ville, sur les murs des particuliers et même des voitures

et l’agglomération de Poitiers mobilise ses équipes pour les effacer.

Celles-ci sont surchargées…

Peut-être à la rentrée, quand les effectifs seront à nouveau au complet.

Paul Lémand – AgoraVox.fr, 10 septembre 2011.

lu sur le jura libertaire

Publié dans insolite

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