Saint-Denis - Noisy-le-Sec : le convoi de Roms provoque la polémique

Publié le par nidieuxnimaitrenpoitou.over-blog.com

ARCHIVES. La RATP a mis à disposition de la police une rame de tramway après l'évacuation d'un camp Rom à Saint-Denis.
ARCHIVES. La RATP a mis à disposition de la police une rame de tramway après l'évacuation d'un camp Rom à Saint-Denis. | (LP/O.B.)

 

L’affaire a fait chauffer les téléphones, provoqué réactions politiques et syndicales et mobilisé jusqu’au président de la RATP en personne. Hier matin, escortés par la police, plusieurs dizaines de Roms qui venaient d’être expulsés d’un camp de Saint-Denis ont été convoyés jusqu’à la gare RER de Noisy-le-Sec dans un tramway affrété spécialement pour eux.

 

Une mesure d’éloignement « prise localement et dans une situation d’urgence » afin de « minimiser le trouble et le retard pour les voyageurs », souligne la RATP qui précise avec insistance que « la décision n’a pas été prise en amont » par la Régie. « Il n’y a pas eu de réquisition par le préfet, confirme la préfecture. Il a fallu gérer un trouble à l’ordre public comme lorsque l’on prend en charge des supporteurs turbulents. »

Tout débute à 6 heures lorsque la police, agissant sur décision de justice, commence à évacuer 150 Roms qui occupaient un terrain de la Direction interdépartementale des routes Ile-de-France (Dirif), route de La Courneuve, à Saint-Denis. Les forces de l’ordre dirigent les expulsés par groupes d’une dizaine vers la station de tramway T1 des Cosmonautes mais la situation dégénère. Plusieurs Roms sortent à la station suivante pour revenir vers Saint-Denis et l’intervention de policiers n’y change rien. « Dans une situation de quasi-blocage, l’encadrement local de la ligne arrivé sur place a décidé avec la police d’utiliser un train qui se trouvait là », explique la RATP. Quatre-vingts Roms prennent alors place dans le convoi qui sera sans arrêt jusqu’au terminus de Noisy-le-Sec.

Lorsqu’ils débarquent vers 11 heures, le conseiller général communiste Gilles Garnier assiste, médusé, à la scène. « Des hommes et des femmes portant des ballots, poussant des chariots, parfois avec des enfants dans les bras, sont descendus avec des policiers qui les ont conduits vers la gare RER pour une destination inconnue », raconte l’élu. Choqué, il écrit illico au préfet de Seine-Saint-Denis, au président de la RATP et au maire de Noisy-le-Sec. « La scène à laquelle je viens d’assister m’a rappelé des souvenirs d’école et de cinéma », écrit Gilles Garnier qui s’interroge, faussement naïf : « Est-il commun de réquisitionner une rame complète de tram pour transporter uniquement des Roms? »

Quelques minutes plus tard, le président de la RATP, Pierre Mongin, l’appelle en personne. « Il m’a certifié qu’il n’y a jamais eu de réquisition de sa part, explique l’élu. Je l’ai senti très embêté. C’est vrai que l’image est catastrophique pour la RATP. » Un peu plus tôt, Pierre Mongin avait été interpellé en plein comité d’entreprise par la CGT. « Nous condamnons de façon évidente que la RATP puisse être l’auxiliaire de la police, souligne un représentant CGT de la RATP. Comme lors de l’évacuation des camps de Bondy la veille, la police a canalisé le flux des Roms vers le tram. Cela revient à une réquisition qui ne dit pas son nom. C’est une dérive inacceptable. »

Selon le maire (NC) de Noisy-le-Sec, les Roms ont pris un RER en direction de Chelles (Seine-et-Marne) mais plusieurs d’entre eux étaient revenus dans le département hier après-midi.

 

  leur prersse = Le Pharisien

 

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Une rame vide du T1 a été réquisitionnée pour transporter des Roms expulsés d'un campement. Photo : AFP

 
La RATP refuse d'assumer le convoi de Roms en tramway

La polémique sur une opération de police menée mercredi matin en Seine-Saint-Denis ne cesse d'enfler. Un tramway T1 a servi à acheminer des Roms expulsés d'un campement.

 

Que s'est-il vraiment passé mercredi matin sur la ligne du tramway T1, entre Saint-Denis et Bobigny (Seine-Saint-Denis) ? Alors que les réactions politiques et syndicales se multiplient, le scénario de l'opération de police menée à l'aube pour expulser près de 150 Roms bulgares et roumains d'un campement semble se dessiner plus précisément. Evacués du campement, situé sur un terrain de la Direction interdépartementale des routes d'Ile-de-France (Dirif), à Saint-Denis, plusieurs dizaines de Roms ont été invités par les forces de l'ordre à emprunter le tramway afin de se rendre à la gare RER de Noisy-le-Sec pour, selon nos informations, être redirigés vers un site d'accueil en Seine-et-Marne.

"Le tramway n'est pas fait pour ça"

La RATP a-t-elle affrété un tramway vide pour permettre l'acheminement des Roms ? "L'entreprise n'a aucune responsabilité dans cette affaire, a vivement réagi jeudi matin le PDG de la RATP Pierre Mongin. Adressez-vous au préfet Lambert (préfet de Seine-Saint-Denis, NDLR). Je ne suis pas responsable de la gestion d'une opération de police. Je suis simplement étonné que nous n'ayons pas été avertis alors que la police avait visiblement prévu d'utiliser nos moyens pour déplacer ces personnes. Nos textes ne prévoient pas une affectation de nos transports pour ce type d'opération. Le tramway n'est pas fait pour ça." Source de l'embarras du PDG : l'encadrement local de la RATP, pris de vitesse par l'opération, a visiblement pris l'initiative de proposer aux forces de l'ordre d'acheminer les Roms dans une rame libre afin de libérer le trafic des voyageurs. "Nous avons été confrontés à un trouble à l'ordre public en voyant affluer une masse de gens qui voulaient entrer sans s'acquitter du paiement du tarif de transport", a justifié Pierre Mongin pour expliquer l'action de son équipe locale.

"Hors de tout cadre juridique"

Le mal est fait. Alors que le ministre de l'Intérieur assurait lui-même à France Info "ne pas être au courant de ces événements", le président PS du Syndicat des transports d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon a saisi le préfet Lambert "pour que toute la lumière soit faite sur les conditions d'organisation et d'exécution de cette opération de police et que les responsables soient sanctionnés", qualifiant cette opération "hors de tout cadre juridique", de "voie de fait". Plus tôt, la préfecture de Seine-Saint-Denis a indiqué que l'opération d'évacuation du campement avait été menée à la suite d'une décision de justice.

"La RATP a mis à disposition un convoi spécial pour permettre l'évacuation forcée de plus d'une centaine de personnes, séparant parfois les enfants de leurs parents", n'a pas hésité à dénoncer pour sa part Cécile Duflot, présidente du groupe Europe Ecologie Les Verts au conseil régional. "Cette opération rappelle les heures les plus sombres de notre histoire et réveille en nous une monstrueuse évocation", a ajouté l'élue, faisant référence à la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Selon la préfecture de Seine-Saint-Denis, aucun incident n'a été signalé durant l'accompagnement des Roms.

 

leur presse metro

Publié dans surveiller et punir

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