Les revues retirent 10 fois plus d'articles scientifiques qu'il y a 10 ans

Publié le par nidieuxnimaitrenpoitou.over-blog.com

Connaissez-vous la controverse scientifique autour du graphique en crosse de hockey?http://www.slate.fr/sites/default/files/imagecache/node-lien/sciencewriting.jpg

Dès la fin des années 1990, ce graphique a été utilisé pour appuyer les affirmations des chercheurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat selon lesquelles l’augmentation de la température du globe est liée à la hausse des émissions de dioxyde de carbone. Toutefois, les données pour élaborer ce graphique ont été vivement contestées dans le monde scientifique qui y voyait une connivence entre le monde scientifique et le monde politique pour appuyer la lutte contre le réchauffement climatique. Le graphique n’est depuis plus utilisé. 

Ce type de rétraction n’est pas un cas isolé. Un article de la revue hebdomadaire Nature estime qu’en dix ans, le nombre  de rétraction des articles de grandes revues scientifiques a pratiquement été multiplié par dix. Au début des années 2000, uniquement une quarantaine d’articles était retirée du Web of Science, qui indexe les articles des revues scientifiques, alors que cette année, cela a été le cas pour près de 400 articles.

Ces rétractions concernent-elles des papiers accusés de plagiat ou de comporter de fausses données? Sont-elles l’effet d’une faille de leur détection par l’édition scientifique? Ou les revues, ne souhaitant pas prendre un moindre risque juridique, sont-elles plus sévères à la moindre anomalie remarquée? Elles illustrent un processus éditorial particulier: comment relire (et éditer) le travail de recherche scientifique d’un auteur? Errare humanum est, dit-on.

Nature a classé la cause des rétractions:

«Une moitié au moins de ces mensonges relève de fautes professionnelles comme le plagiat, la retouche d’images et l’utilisation de fausses données –et l’autre moitié concerne des confessions tardives des scientifiques.»

Pour Nicholas Steneck, éthicien à l’université du Michigan à Ann Arbor, les falsifications dans les articles scientifiques ont toujours existé, mais «il est probable que la hausse des rétractions provienne d’une plus grande prise de conscience des fautes professionnelles» et de leur facilitation par des systèmes techniques sophistiqués qui permettent de détecter facilement le plagiat et les retouches d’images.

Toutefois, ce n’est pas pour autant que les maisons d’édition sont plus enclines à en parler. «Il y a beaucoup d’éditeurs qui ne souhaitent vraiment pas que les gens sachent ce qui se passe chez eux», affirme Ivan Oransky, de Reuters Health. Une telle opacité confond encore plus le lecteur qui, bien qu’informé que l’article a été retiré, n’en connaît pas la raison et ce qui a été mis en cause dans le papier pour justifier un tel acte. Ni la maison d’édition, qui y voit une possible raison d’attaque en justice, ni le chercheur, qui peut se sentir honteux d’avoir commis une faute même s’il la reconnaît après, ne souhaitent donner plus de précisions.

Un tabou que ces deux parties auraient pourtant besoin d’outrepasser, pour Ivan Oransky. «Ce que les scientifiques devraient faire est de dire "Nous pouvons commettre des erreurs, mais regardez comment le nombre reste faible! Et voici ce que nous faisons pour éviter d’y faire face à nouveau.”»

lu sur slate
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